Soudain pénétrée de lumière
Vient jouer en lévitation
Une lente ronde éphémère
Dont s’étoilent en suspension
Les particules de poussières
Dans un temps en dissolution
Opposant demain à hier
Combat sans compromission
Voici alors que mon passé
Juste-là présent sous mes yeux
Est venu chez moi pour danser
Un bal délicat et curieux
Semblant vouloir se refuser
Aux lois que l’on sait immuables
Osant défier la gravité
Dans son mouvement délectable
Je le vois s’amuser ainsi
Gracieux dans son apesanteur
Et son excessive lenteur
Son étrange chorégraphie
Qui vole mon identité
Nie mes actes ma volonté
Perdue doucement je contemple
Ce temps échappé de son temple
Son balancement leste et sourd
Indolent dans le contrejour
Suit un va-et-vient aérien
Nimbé auréolé céleste
Enfin révélé manifeste
Mais ce qui doit venir advient
J’éternue au cœur du nuage
Dans un fracas lotophage
Lors le spectacle s’est rompu
Ma vision douce a disparu
Bousculée voire malmenée
Puis violemment redistribuée
Comme envoyée aux quatre vents
C’est le vide dorénavant
Qui m’éblouit omniprésent
Et m’achemine vers l’instant
Je me rappelle avoir fixé
Plutôt avoir presqu’entrevu
Quoi déjà je l’ai oublié
Car maintenant je ne sais plus
Soupçon d’un paradis perdu
D’une chose n’existant plus
Quand l’harmonie reprend ses droits
Pour me ramener ici-bas
Tandis qu’à mes yeux s’affaiblit
L’image du passé enfui
Son invisible poudroiement
S’enfouit dans mon corps hôte intime
Je sens que viendra le moment
Où métronome légitime
Le nuage au soir de ma vie
Me dispersera affranchie
Quelle belle cadence****** que balancent ces octosyllabes qui chantent un hymne hors du temps, nostalgique mais sans révolte avec ces réminiscences effleurées d’un passé advenu ou-et révolu, avec l’acceptation de ce qui fait la condition humaine; **** évoquant de lointains échos de la poésie d’un Baudelaire, Nerval….
Ouh… me voilà intimidée par ce retour d’autant plus qu’il émane d’une grande amatrice de poésie dont les attentes placent immédiatement la barre très haut. Merci Fabia. Merci.
Ce sont des attentes admiratives de ce que toi, tu peux faire avec les mots, les rimes, les rythmes et les vers, ce dont je suis bien incapable!
Et me voilà encore plus intimidée. Tu me fais rougir. (Pas si sûre que ça que tu en sois incapable. Serais plus sûre du contraire en fait.)