Sylvain avait un boulot fou. Il s’y consacrait corps et âme depuis des mois sans lever le nez de son ordinateur sinon pour appeler ses collaborateurs. Il ne se posait pas de questions, il plongeait dans la masse de travail sans voir la vie filer autour de lui, même si ses cernes affichaient malgré tout un vilain rappel de son investissement à pas d’heure, sans contraintes ni repères. Il n’allait pas s’en plaindre, tout le monde n’a pas la chance de vivre de sa passion. Cependant, il arrivait que, à des heures où il n’entendait plus un son ni dans l’immeuble ni dans la rue, un profond sentiment de vide vînt vicieusement se glisser en lui et dans ces moments-là la fatigue venait l’accabler un peu plus. Mais, bon, pas le temps pour le vague à l’âme, il avait une montagne de projets en cours et donc un excellent défi à relever. En plus, il avait une sainte horreur de ces périodes de désœuvrement où il cherchait les contrats.
Ce soir-là, il avait néanmoins intérêt à boucler rapidement le travail en cours s’il voulait être à l’heure pour son rencart. Oh, un rencart, le mot était un peu fort, il revoyait Lili, son amie de fac, sa copine de toujours. Même s’il la voyait moins ces derniers temps, elle tenait une place intime dans son affection. C’était sa Lili, son indéfectible amie Lili. Il eut un drôle de coup au cœur en réalisant que, oh merde, il ne l’avait pas revue depuis sa dernière pendaison de crémaillère qui remontait à cinq ans. Inconcevable. La honte. Ils habitaient à moins de 50 kilomètres l’un de l’autre. Mais fort opportunément, Lili, sa douce Lili, avait ressurgi quelques semaines auparavant pour lui proposer de manger ensemble un de ces soirs. Hasard curieux et touchant à la fois, il avait souvent pensé à elle ces dernières semaines. Alors il était débordé, certes, mais ça faisait vraiment du bien de reprendre contact avec elle. Quel idiot de ne pas y avoir pensé lui-même !
Pour tout dire, elle tombait du ciel sa petite Lili parce que son quotidien à lui s’était fait plomber par la sombre grisaille du célibataire, du genre mari largué en bonne et due forme. Pas fameux. L’été précédent, sa femme avait pris ses cliques et ses claques manu militari pour partir rejoindre son nouveau jules, ce pauvre type qui avait l’outrecuidance d’être un gars gentil et d’arborer une tête de bellâtre aux allures de présentateur télé qui ferait se damner tout un couvent. Un homme tout droit sorti de ses pires cauchemars. Cela s’était passé très vite et quand il avait pris la mesure de ce qu’elle lui avait infligé, impuissant, humilié, il avait senti monter en lui une colère d’une violence dont il ne se serait jamais cru capable. Il l’aurait frappée si elle s’était trouvée en face de lui mais elle n’était déjà plus là. Il avait dû serrer les poings de rage. Il s’était retrouvé seul comme jamais. Puis, par instinct, il avait plongé dans son travail, ne se couchant que quand son corps s’écroulait de fatigue. Quand deux passions rivalisent, le résultat n’est jamais une réussite…
Bref, Sylvain avait accepté l’invitation à dîner, l’air de rien. Tiens Lili, c’est sympa d’appeler, qu’est-ce que tu deviens toi ? Et il avait poussé le bouchon jusqu’à se montrer indisponible, aussi avait-il cherché plus que laborieusement une date sur son calendrier qui pourtant affichait officieusement un grand vide en soirée. Il ne voulait surtout pas trahir ses sentiments un peu fébriles en cette période de disette affective imposée.
Quand Lili lui avait déclaré, avec son naturel toujours arrangeant, que ce n’était pas grave, qu’ils remettraient ça à une autre fois, Sylvain, tout à fait désarmé par cette perspective d’abandon, avait frémi à l’idée de ne pas retrouver sa petite brunette, sa bonne humeur, sa sensibilité, sa poitrine hypnotique, son magnétique regard gris qui lui aussi vous arracherait la chemise, et, bref, avant que cette dernière ne raccroche, il avait bien sûr réussi l’exploit de lui libérer une soirée.
— Super ! s’était-elle exclamée dans un formidable cri du cœur.
Cette impulsivité toute imprégnée de la candeur propre au caractère de Lili l’avait touché. Lili, sa Lili… Il la retrouvait bien là. Elle était souvent attendrissante dans sa spontanéité.
Tout au long de la semaine qui suivit, il s’inspecta dans le miroir d’un œil inquisiteur. Verdict : une affreuse colonie de cheveux blancs avait conquis le territoire depuis la dernière fois qu’il avait vu Lili et, maintenant, il s’en souciait intensément. Les teindre ? En vieux beau ? Il préférait les assumer. Ne dit-on pas que la maturité plaît aux femmes. Et pour les rides ? Elles s’étaient pas mal creusées ces derniers temps… Impossible également de camoufler ces stigmates-là. Tant pis, il était ce qu’il était. En tout cas, il n’avait pas trop maigri et elle ne pourrait pas deviner qu’il ne se nourrissait plus que quand il y pensait.
Pour leurs grandes retrouvailles, Sylvain avait fait en sorte de ne pas recevoir Lili chez lui. Idée singulière au premier abord mais, entre sa séparation encore vive et cinq ans de silence radio, accueillir Lili seul l’intimidait un peu pour un premier soir. Un premier soir… Impossible d’échapper aux promesses fantasmagoriques que sous-entendait ce « premier soir », Lili avait des arguments qu’il ne pouvait feindre d’ignorer, néanmoins sa motivation venait surtout du fait qu’il n’avait pas envie qu’elle découvre l’appartement à moitié vide et commence à lui poser des questions. Pas envie d’expliquer. Pas envie d’en parler. Plus tard. Une autre fois.
Par orgueil – n’avait-il pas droit de panser son ego fracassé ? – il tenait à garder sa situation actuelle secrète. De même que le gros faible qu’il avait pour sa Lili. Elle avait été son premier grand amour et, de leurs sept ans de romance, il gardait encore une vive nostalgie. Il ne détestait pas revisualiser lors de ses rares heures perdues, les nuits d’insomnie donc, les années passées dans sa petite chambre d’étudiant où leurs deux corps enlacés s’abandonnaient à l’amour tandis que les cours avaient lieu là-bas dans un autre monde. Il avait adoré ces journées où il ne quittait les bras de Lili que pour mieux y revenir, subjugué par la sensualité de ses courbes douces, tout à fait happé par les profondeurs de ses yeux aux reflets argentés et les caresses sensuelles de celle qui se donnait à lui avec passion. Il regrettait de ne pas avoir su préserver le souvenir de l’odeur de sa peau. Elle l’avait envoûté si souvent… À cette époque, il aurait donné son âme au diable si Lili le lui avait demandé pour pouvoir assouvir dans ses bras cette attraction inscrite dans les chairs. Quand Lili avait envie qu’il la prenne, il ne pouvait que lui obéir. C’était si bon. Lili…
— Viens.
Sa bouche offerte. Son regard argenté. La douceur de son corps. Ses seins lourds. Lili… Il n’avait rien oublié.
Lili s’était mariée.
Assénée comme un coup de massue, la brutalité de la réminiscence le sonna. Cuisant retour au temps présent !
Mais qu’est-ce qu’il croyait franchement, qu’elle refaisait surface parce qu’elle le voulait, qu’il était devenu subitement irrésistible et qu’elle avait justement une soudaine envie de faire l’amour avec lui au nom d’un passé inoubliable ? Lili n’avait rien à voir avec ces nymphos en manque qu’il avait parfois croisées. Et surtout, elle n’était plus qu’une amie désormais. Hélas. Parce que leur histoire d’amour, aussi douce fût-elle, remontait aux calendes grecques. De surcroît, il avait superbement ignoré Lili pendant cinq ans. Alors, sérieusement, qu’est-ce qu’il allait s’inventer ? Il se faisait du mal.
Il devait plutôt s’estimer heureux qu’elle ait repris contact. Elle n’était pas le moins du monde orgueilleuse Lili, elle avait cette force, ainsi que bien d’autres qualités humaines qui la rendaient unique. Rayonnante. Séduisante. Idéale ? Peut-être bien. En tout cas, il lui avait suffi de prendre son téléphone et de reprendre la conversation comme si de rien n’était pour le plonger dans le trouble. Un jour, à nouveau, peut-être qu’ils… Ils rien du tout ! Il fallait qu’il cesse ses délires à la Barbara Cartland, ça en devenait ridicule. Il avait assez souffert pour ne pas aller se créer lui-même des histoires impossibles.
N’empêche qu’il aurait donné cher pour pouvoir entrer dans la tête de Lili ces derniers jours afin de savoir ce qui l’avait poussée à l’appeler soudain. Juste leur amitié ? Vraiment ? Parce que, même si ce n’était là qu’une impression, à écouter sa voix ressortie des limbes, Sylvain aurait juré qu’elle l’avait un peu allumé au téléphone l’autre soir. Des mots ambigus, un quelque chose d’insaisissable qui se distillait dans les non-dits, au cœur des phrases inachevées, perdu dans le flou de ses réponses évasives… Des petits signes qu’il s’était repassés en boucle. Il l’avait sentie différente. Et puis il y avait eu cette phrase étourdissante : « Tu m’as manqué Sylvain… », déclarée de but en blanc d’une voix chargée d’émotion qui s’étrangle. Il ne l’avait pas rêvée cette émotion, il en avait eu le souffle coupé. Il n’avait rien répondu. Il n’avait pas pu. Il faut reconnaître qu’il était à fleur de peau depuis sa séparation et ce passage précis de la conversation avait réveillé en lui une impérieuse pulsion animale. ll s’estimait chanceux d’avoir pu cacher son trouble dans le silence aveugle et opportun du portable.
C’était dérangeant. Lili était mariée. Il avait dû mal interpréter la situation. Son faible pour elle, certainement, l’avait trompé. Trompé. Encore. Putain, sa femme avait une liaison et il avait été assez couillon pour croire à ses réunions à répétition, alors que pouvait-il prétendre savoir des intentions de Lili ? Repenser à ces derniers mois de tromperie orchestrée réveilla immédiatement la dose de haine et d’amertume qui suintaient en lui depuis qu’il avait enfin compris le jeu qu’avait joué sa femme, les yeux dans les yeux, pendant tant de mois. Et lui de ruminer sa douleur bileuse si bien qu’il fut pris d’une envie de massacre.
Décidément, il n’était pas prêt à revoir Lili. Il valait mieux annuler le repas. En fait, il aurait dû lui dire non l’autre soir au téléphone. Il ne pourrait que souffrir de l’aimer à nouveau, c’était bien tout ce qu’il y gagnerait.
Depuis le départ de sa femme, sa future ex-femme, il avait regardé de nouveau les autres représentantes de l’espèce et il avait repensé parfois à Lili, objet de fantasmes qui adoucissaient son sentiment de solitude. Il avait aussi “zieuté” la boulangère, puis la sœur d’un de ses copains, ou encore une de ses collaboratrices sympa, et même, pour être honnête, toute une pléthore de jolies femmes croisées dans la rue, femmes archétypales, des possibles impossibles, hautement improbables, vu qu’elles ne lui plaisaient pas en définitive. Comment aurait-il pu retrouver chez elles ce qui lui plaisait tant chez Lili ? Il n’avait plus l’énergie ni la naïveté d’y croire.
Dans son bouillonnement intérieur, il prit pleinement conscience que si Lili était devenue son amie après leur rupture, c’était parce qu’il n’avait pas su la quitter tout à fait et par là même, il avait réalisé que Lili incarnait tout ce qu’il aimait chez une femme, au-delà même de ce dont il pouvait rêver certaines nuits où il se sentait amoureux d’elle à nouveau. Mais il n’avait pas su la garder elle non plus. Trop jeune, trop bête, il l’avait laissée s’éloigner. Maintenant, elle était devenue insaisissable, elle était mariée à un autre. Du passé que tout cela, il fallait qu’il cesse d’y repenser. Cependant le soir où elle avait téléphoné, il n’avait pu faire autrement que de ressentir tout contre son cœur qu’il aurait beaucoup de mal à se tenir loin d’elle bien longtemps.
Raisonnablement, annuler leur rendez-vous était ce qu’il pouvait faire de mieux.
Et humainement stupide.
S’il était soulagé que sa femme ait enfin vidé les lieux pour lui ficher une paix royale, il n’imaginait pas que Lili puisse, elle, disparaître un jour de sa vie. Son amie faisait partie de ses repères pour affronter le chaos. À sa façon, elle avait toujours été à ses côtés, accompagnant ses bonheurs comme ses galères.
Tout bien réfléchi, quel risque courait-il à revoir Lili sinon celui d’être heureux de voir qu’elle n’avait pas changé ? Le fait même qu’elle existe prouvait que la femme idéale dont il rêvait existait dans le monde réel, qu’il pouvait donc en exister quelque part dans le monde. En rencontrer une seule lui suffirait évidemment. Oui mais quand ? Les mois rallongeaient depuis le départ de sa femme…
De toute façon, quoi qu’il en fût, s’il se rendait à ce dîner, il n’allait pas se jeter bestialement sur Lili pour la violer, il allait juste la revoir en ami comme il le faisait depuis des années. En être civilisé. En outre, vu ce qu’il vivait, il avait besoin de revoir sa meilleure amie. C’était logique. C’était le moment. Elle saurait lui changer les idées, le soutenir sinon, de par son rayonnement. Qu’elle soit là pour lui suffirait à apaiser le mal être des derniers mois.
Alors le jour J, il s’était parfumé, coiffé impeccablement, sans le moindre épi rebelle pour le contrarier et il avait choisi une tenue pas trop décontractée, pas trop coincée, la préférée de sa femme, son ex-femme. Quel hasard n’est-ce pas ? Et quelle jubilation personnelle à l’idée de la porter pour plaire à une autre ! Il hésitait à présent à se raser, histoire de se donner un coup de jeune. Ringard. Grotesque même. Il laissa tomber l’idée aussitôt.
Encore dix minutes et il serait temps de la rejoindre au restaurant thaïlandais. C’était elle qui avait choisi cet établissement situé à deux pas de chez lui pour préserver son emploi du temps de ministre. Il n’aurait pas choisi cela mais va pour la cuisine thaï puisque ça lui faisait envie. Elle avait des prédispositions pour le sucré-salé. Lui aussi en temps normal mais il était un peu ailleurs, ailleurs au point de devoir réfréner les idées insolites qui lui venaient en tête et d’effacer sans attendre de son champ d’imagination la vision subliminale d’un usage plutôt détourné de la nourriture. Absolument surréaliste. La vache, c’est fou ce que l’imagination peut inventer quand elle s’y met ! Un coup d’œil plus sage à sa montre lui indiqua qu’il lui restait encore sept minutes.
Il avait trop chaud sous son pull. Peut-être que le pull n’était pas une si bonne idée sauf qu’il lui allait parfaitement ce pull. Sa femme, son ex-femme, le lui avait assez fait savoir, elle le trouvait irrésistible avec ce pull, avant qu’elle ne s’intéresse à ce qu’il y avait sous celui d’un autre. Un aimant. Elle venait toujours se coller à lui quand il le mettait, éperdument plus tactile. Mais là, définitivement, c’était intenable. Si jamais Lili commandait un plat servi sur plaque chauffante, il allait dégouliner. Immonde. Une chemise ferait “class” ce serait aussi plus “glamour” pour reprendre une des expressions favorites de Lili. Il se changea en quatrième vitesse. Plus que trois minutes en revanche.
Il contempla à nouveau le résultat devant le miroir de l’entrée. Plusieurs régiments de cheveux blancs narquois se payaient sa tête. Il fit abstraction. La chemise blanche repassée impeccablement, vieux souvenir d’avant-guerre maritale, tombait avec élégance sur son pantalon à pinces. C’était parfait. Pour les cheveux blancs en revanche…
— Oublie-les, se dit-il devant la glace, Lili aussi elle aura pris cinq ans de plus.
La muflerie de sa réflexion lui fit honte immédiatement, son amie méritait tellement plus de respect. Elle valait mieux que cinq ans de silence aussi. Comment avait-il pu laisser passer autant de temps entre elle et lui ? Il avait quelques circonstances atténuantes ceci-dit, il sortait tout juste de vingt-cinq ans fermes, avec séquelles morales et dommages corporels, présentement incapable de contrôler ses émotions quand il voyait sa femme collé à son connard de bellâtre…
Il se demanda si ces ravages-là se lisaient sur son visage. Il espérait que non. Toutefois il fut traversé d’une furieuse envie de tout envoyer valdinguer avant que ne s’écoulent les deux dernières minuscules minutes qui lui restaient.
Soudain traversé d’un drôle de vertige, Sylvain se sentit bizarre. Lili ne serait peut-être finalement pas de taille à lui faire oublier sa femme, son ex-femme, putain, pas fichu de se débarrasser de ces expressions caduques… Il regarda sa main gauche. La trace de l’anneau avait disparu. Les premières semaines, il avait trouvé qu’elle ressemblait à une scarification puis le corps l’avait évacuée. Désormais, il n’en restait rien, comme si le passé n’avait jamais existé.
Idée sinistre. Son visage se referma d’un coup. Il n’était pas prêt à sortir rejoindre Lili. Trop le souk dans sa tête. Face à la boule d’angoisse qui s’invitait pour lui gâcher la vie, il se raccrocha à ce que Lili lui avait dit au téléphone. Elle s’était écriée « c’est super! » avec tant d’enthousiasme qu’il en fut ému une nouvelle fois en la réentendant. « Tu m’as manqué Sylvain… » Le doux écho le fit frissonner. Il ne savait plus si revoir Lili était bien ou au contraire la pire des choses à faire.
Il voyait bien qu’il avait envie de la faire fléchir et il se savait assez fort pour réussir à la détourner de son mari. Quoique, c’était plutôt elle qui aurait pu tout obtenir de lui. Est-ce qu’elle avait déjà connu le rejet, elle ? Il en doutait. Il se sentait fragile quand elle le fixait en battant de ses longs cils courbes, aimant se noyer dans la profondeur de ses yeux gris clairs, y oubliant souvent jusqu’à qui il était. Il aurait dit oui à tout quand elle le regardait ainsi. Sauf qu’il ne voulait plus souffrir.
Alors il fit le numéro de Lili et se montra expéditif, suffisamment pour qu’elle ne pense pas à négocier ni à obtenir plus d’explication sur ce retournement. Ils ne se reverraient pas.
Nelly se trouvait à deux pas de chez Sylvain quand elle reçut son appel. Elle fut abasourdie par le ton glacial. Est-ce que ça voulait dire jamais ? Elle était plantée dans la rue, perdue, totalement désemparée. Avait-il compris ? Elle s’était coupée du monde lors de son divorce, assumant cette épreuve loin de ses amis dont elle n’aurait pas supporté la compassion. Elle avait mis longtemps avant d’admettre la force de ce qu’elle ressentait pour Sylvain, son premier et seul véritable amour. Elle ne pouvait par conséquent pas en vouloir à ce dernier d’avoir pris une décision qui, ironie du sort, s’avérait être la plus raisonnable de toutes. Il valait mieux en effet qu’elle ne vienne pas troubler sa vie bien rangée. Sylvain avait toujours lu en elle avec une telle facilité. Son intuition à son égard ne le trompait jamais. Elle ne l’avait jamais trompé.
Comme quoi il faut toujours insister, quitte à paraître lourd, et ne pas supputer les pensées d’autrui 😉
Très chouette Valérie !
Oh que je suis contente de te voir ici! Tu sais, sur cette nouvelle, Alain, je n’étais pas du tout sûre de moi. En fait, sur tout ce que j’écris c’est pareil. J’ai toujours cette impression de m’être peut-être plantée, d’avoir écrit un truc tout pourri. Cela me prend quand je sais que le texte est bouclé. Ce mauvais pressentiment que finalement ça ne vaut rien. Alors que dans l’acte d’écriture, j’y crois pleinement. Va falloir que ça me passe un jour, c’est chiant au fond ce jugement assassin sur mes textes. Mais tant que ça ne m’empêche pas de continuer d’écrire et de me lancer des défis, tout va bien.
Donc ton retour me rassure. Pfiouuuu !
Et, pour répondre à ton commentaire, je partage avec un certain Oscar Wilde cette philosophie:
“One should always be a little improbable.” (On devrait toujours être légèrement improbable.)
Je crois à l’improbable. Parce que ma vie est improbable. Jubilatoirement improbable.